Quelques jours avant.

« Il se fait tard. Je crois qu'on devrait rentrer. Tu veux que je te raccompagne chez toi ? »
La jeune femme retint une grimace. Non pas qu'elle ne désirait pas se faire raccompagner par Uriel - loin de là, elle aimait passer du temps avec celui-ci, plonger son regard dans ses yeux azurs - mais ce soir elle n'était pas prête. Elle ne voulait pas trop... Mais elle avait déjà remit cette chose au lendemain plusieurs fois...

« Euh... Non, j'ai encore du travail. Je dois passer à la boutique bosser un peu sur un... tu sais, l'inventaire. C'était quand même gentil Uriel. Une prochaine fois ne t'en fait pas. »
Elle lui répondit légèrement embarrassé et aussi légèrement surprise d'avoir réussie à prononcer une phrase sans buter sur l'un des mots. Il sourit puis l'embrassa sur le front, comme si elle avait sept ans et non vingt-deux. Ils se saluèrent puis Uriel s'en alla. Elle le regarda partir jusqu'à ce que sa silhouette tourne au coin d'une rue et ne s'efface. Son sourire s'agrandit, il lui avait dit tellement de belle chose ce soir.


Aujourd'hui.

Ses pas étaient silencieux dans cette allée. Une vieille femme s'approcha de lui, un plateau à la main, crachant qu'elle vendait des marrons. Uriel fronça les sourcils et accéléra son pas. Arrivée devant un grand bâtiment numéroté 13, un sourire malsain se dessina sur ses fines lèvres. Sans se presser cette fois-ci, il poussa la porte après avoir rajusté une dernière fois sa capuche. Pour une boutique de vêtement, le jeune homme fut surpris par l'éclairage aussi tamisé de la pièce. Il fut aussi déçu de ne pas voir une belle créature au forme généreuse au comptoir, mais un jeune mec. Il était assez petit, rondouillard et il avait encore des miettes de son sandwich du midi au coin des lèvres. Uriel n'aimait pas le "pourquoi" il était là. Il retint donc un soupir et c'est lasse qu'il alla s'avancer jusque celui-ci. Le garçon le regarda, en fronçant doucement les sourcils. Il s'éclaircit la voix avant de parler au garçon, sans aucun ménagement.

« Je voudrais parler à David. »
Aucune politesse. Le caissier se renfrogna.

« Il n'est... Pas ici. »
Celui-ci insista sur les deux derniers mots. Il était peut-être petit et n'avait pas l'air très débrouillard, mais il semblait plutôt sûr de lui. Ca lui plaisait bien. Les deux mains d'Uriel vinrent se poser sur le comptoir, griffant lentement le bois de celui-ci. Il savait parfaitement qu'il était ici... D'après de bonne source. L'univers de la drogue est impitoyable.

« Je vais recommencer. Je voudrais parler à David. »
Les prunelles azurs devinrent tranchantes. Ses mains se stoppèrent pour venir agripper fermement le comptoir. Son autorité était palpable. Tout comme son allure menaçante bien qu'habituellement il n'inspire que confiance... Derrière lui, la porte s'ouvrit. Uriel soupira. Les yeux du garçon se détournèrent de lui puis revinrent sur lui. Le caissier souriait maintenant.

« Urieeeel ! Tu es venu me voir ici, au magasin. C'est trop gentil ! Mais je ne pourrai pas trop m'occuper de toi... Tu sais, je suis à mon travail et.. Nous avons des clients ! » dit-elle en gloussant. Elle s'approcha nonobstant de lui et l'embrassa sur les deux joues deux fois. Le temps qu'il relève les prunelles vers la caisse, l'homme au miette de sandwich avait disparu. Il se mordit la lèvre. "Je ne reverrai pas mes 300 balles de sitôt." Il baissa les yeux vers la rouquine et lui décocha un de ses fameux sourires. À la suite, elle battit des cils comme une vierge gêné. Il ne pouvait pas rester là, à discuter avec elle. Après tout, c'était quoi son prénom déjà ?

« Ecoute... (Il jette un regard au pin's qu'elle portait sur le sein gauche) Ivy. Je ne vais pas pouvoir... hum... Rester ici car tu vois j'étais juste passé... (Non s'il disait qu'il était passé la voir rapidement elle allait commencer à se faire des idées et il n'en avait rien à faire d'elle.) »
Il détourna les yeux, scrutant le dehors du magasin à travers la baie vitrée cherchant une idée, un truc, l'illumination du Divin. Il fini par trouver dieu merci grâce à Joseph. Il failli lui sauter dessus pour l'embrasser tellement il était heureux mais il se racla seulement la gorge et recommença sa phrase de manière à ce que au loin son ami puisse l'entendre.

« Je ne vais pas pouvoir resté ici car tu vois (Il désigna Joseph de loin qui arrivait vers lui) je suis venu avec un pote. Quel dommage je sais... Et puis tu travailles. Mais bon, on va s'appeler, t'en fais pas. »
Il commença à marcher vers Jo puis se dit que quand même, elle n'était pas si mal que ça et que à l'occasion qui sait... Il se retourna et l'embrassa à pleine bouche avant de reculer, lui lancer un clin d'oeil et aller vers son ami. Il l'entendit pousser un soupir de soulagement (?) et d'autres glousser. Ah les femmes.

Uriel avance jusqu'à son ami et le gratifie d'un chaleureux sourire. Joseph ne pouvait tomber plus à pic. Il avait le don de tomber au moment où il le fallait. Il l'a toujours eu. Et tout commence il y a deux ans, peu de temps après qu'Uriel n'eut commit l'irréparable et qui lui vaudra l'absence physique de sa mère mais surtout celle de son père. Il eu longtemps une période de déprime, s'enfonçant encore plus jour après jour dans l'univers des paradis artificiels. Le destin fit que Joseph arriva sur le chemin du garçon et les longues conversations qu'ils entreprirent tous les deux eurent son impacte. Aujourd'hui, Joseph est une des personnes sur qui Uriel sait qu'il peut compter, se reposer mais surtout avec qui il peut s'amuser. Bien que leurs mondes respectifs ne soient pas le même et que Vernon ne comprenne pas vraiment pourquoi un mec de son genre se retrouve à son âge déjà marié à une femme comme Carolane, cela n'entrave en rien à leur amitié et leurs nombreuses déconnades.

Joseph le tape doucement à l'épaule en guise de bonjour et tous les deux s'avancent dans les rayons du magasin et s'éloigne de la jeune femme. Uriel rit doucement à la réflexion de son ami et répond. « J'crois qu'elle s'appelle Ivy, enfin c'est ce que son badge disant tu vois. » Il marque une pause et ne peut s'empêcher de lui donner raison au final. « Bon ok, je te l'accorde, le baiser n'était pas forcément nécessaire, mais je viens de débarquer, il faut bien que je garde quelques nanas sous le bras. » Il rit de plus belle. Uriel s'arrête à un étalage et attrape une chemise jaune criarde qu'il vient juxtaposer sur Joseph. « Haha, en voilà une belle pièce. Ceci dit, ça s'accorde très bien avec ton teint. » Il remet l'objet à sa place et commence à regarder chemise après chemise. Au fur et à mesure qu'il les découvre, une marque de dégoût se dessine sur son visage. « Au final t'avais peut-être raison tu sais, quand je vois ce qu'il propose dans cette boutique, je me dis que cette nana ne méritait peut être pas que je lui glisse ma langue dans sa bouche. » Il attrape une nouvelle chemise qu'il lui tend d'un air dépité traduisant : Vraiment ? Ce genre de vêtement existe encore ?