L'eau chaude coulait en trombe dans la douche, remplissant l'air d'une nuée de vapeur. Matthias se frottait les cheveux, faisant mousser le shampoing. Il grogna lorsque la mousse s'infiltra dans ses yeux tandis qu'il plongea la tête sous le rideau aqueux, essayant sans succès d'enlever le liquide qui lui enflammait les prunelles. Dépité, il attrapa sa serviette avant de la frotter contre ses yeux. La douleur disparue peu à peu, au grand plaisir du jeune homme. Aujourd'hui, il était en repos et sa fille faisait la sieste, ce qui lui laissait toute la journée de libre, du moins l'espérait-il. Alors qu'il se coiffait rapidement devant son miroir, la sonnette de la porte d'entrée résonna dans la maison, à son grand désespoir. Avec la chance qu'il avait, le bruit allait réveiller Luna qui n'allait plus le lâcher de toute la journée. Midnight, son doberman, dévala les escaliers pour se rendre devant la porte d'entrée, aboyant comme un forcené. « Putain de chien. »Matthias l'adorait, mais s'il réveillait sa fille, il allait l'entendre. Le policier s'entoura de sa serviette et couru dans les escaliers à son tour, se précipitant sur la porte. Midnight, content comme tout, retourna en haut, s'endormir sur le lit de son maître. Ce dernier s'occupa d'ouvrir la porte, un air assassin sur le visage. Cet air se transforma rapidement en joie lorsqu'il aperçut Johanne-Rose, une de ses amies qu'il considérait comme sa petite sœur. « Entre. Par contre, essaie de pas faire trop de bruit, la petite dort et j'ai pas envie de m'occuper d'elle pour le moment. » Il serra son amie dans ses bras, avant de se rendre compte qu'il était mouillé et pratiquement nu. Il lui adressa un petit sourire gêné. « Euh... je reviens, va t'assoir dans le canapé. »

Le policier la laissa entrer et referma la porte, avant de remonter dans sa salle de bain. Il ferma doucement la porte avant de s'enfermer à clé. Au cas-où. Il faisait toujours ça lorsqu'il n'était pas seul chez lui, c'était devenu un réflexe. Il termina de se sécher à l'aide de sa serviette et enfila son jean ainsi que son t-shirt blanc. Une fois préparé, il rouvrit sa porte et se dirigea vers le salon. Matthias en profita pour passer par la cuisine et chercher des gâteaux apéros et des boissons qu'il posa sur un plateau. Ses pas le portèrent ensuite près de Johanne-Anna à côté de laquelle il s'installa. Le policier posa le plateau sur la table basse avec un soupir. Un objet dur sous son postérieur lui arracha un petit cri de surprise, cri qui se transforma en marmonnement lorsqu'il retira son revolver de sous son corps. « J'ai tendance à laisser mon arme traîner n'importe où. » Il l'envoya valser en direction d'un fauteuil en se promettant de s'en occuper de le mettre en sécurité une fois la jeune fille dehors. C'était un peu limite de laisser un flingue dans le salon quand on était père d'un enfant en bas-age mais Matthias ne faisait jamais attention à ce qu'il faisait de son arme. Il reporta son attention sur Johanne-Anna, à qui il adressa un petit sourire. « Comment vas-tu ? »

« Je vais bien aussi. Aujourd'hui c'est mon jour de repos. Enfin une journée tranquille où j'ai le droit de rien faire. C'est tellement rare que j'en profite. Du coup je suis content de te voir. » Il s'empara de la bouteille de whisky pour se servir un verre, qu'il commença à boire par petites lampées. Il ne pouvait pas boire plus d'un verre, au risque de devenir un peu bourré. Être soul alors que sa fille était présente dans la maison, ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait se permettre de faire. Comme laisser une arme trainer au milieu du salon, c'était mal mais il le faisait, parce qu'il était trop tête en l'air. Tout le monde lui disait de faire un peu plus attention mais il ne parvenait pas à se concentrer suffisamment pour réussir à faire la part des choses. Il posa ses yeux sur la jeune femme. Il était content de voir qu'elle allait bien. « Quoi de neuf ? » Il s'installa plus confortablement, posant son verre sur la table basse. Matthias s'étira alors, encore crevé de sa nuit de garde. Lui coller un jour de repos alors qu'il venait de passer une grosse partie de la nuit dehors, c'était un peu hypocrite mais il s'en accommodait. De toute manière, il ne pouvait certainement pas contester les ordres officiels au risque de se faire renvoyer. Il aimait son boulot plus que tout, envisager de le perdre n'était pas concevable. C'était grâce à son travail qu'il parvenait à garder la tête froide et à penser à autre chose qu'a sa fille ou son ex-femme. Lorsqu'il était en service, une arme à la ceinture, il se sentait surpuissant, comme s'il pouvait tout faire. Enfin, il était quelqu'un. Quand il était chez lui, posé sur son canapé, il pensait qu'il n'était qu'une loque inutile. Et puis il se reprenait en se disant que sa vie n'était pas si nulle que ça après tout.