L'histoire du personnage
Fenella....avec un prénom pareil, il était évident que ma vie ne démarrait pas vraiment du bon pied. Je cherche encore ce qui est passé par la tête de mes parents pour m'appeler ainsi...ah si, ce qui leur est passé par la tête c'est ma grand-mère...
« Les traditions mes enfants ! Il ne faut jamais laisser perdre les traditions ! ». Et me voilà affubler d'un prénom horrible, certes traditionnel mais horrible, pour le reste de ma vie. Enfin...heureusement, je me fais appeler plus souvent par mon autre prénom : Eden. Il n'y a que ma grand-mère qui m'appelle Fenella et bien heureusement. Coldingham, Ecosse...vous connaissez ? Bien sûr que non...personne ne connaît ce trou perdu, une petite station balnéaire proche d’Édimbourg. Il n'y avait pas grand chose à y faire, village bondé l'été et complètement mort hors saison. Mais bon, toutes les générations de ma famille vivait ici depuis des siècles, donc, la tradition a voulu que mes parents s'y installent aussi.
Puisqu'on aborde le sujet de la famille...mes parents ne sont pas vraiment des gens ordinaires. Mon père est plutôt du genre porté sur la bouteille et ma mère collectionne les amants. Avec des parents comme ça, il a fallu que j'apprenne à me débrouiller toute seule dans la vie. Duncan, mon frère...oui, lui la tradition lui a gentiment donné un super prénom, comme quoi la vie est vraiment injuste des fois. Il a 7 ans de plus que moi alors nous avons rarement joué ensemble mais c'était vraiment un super grand frère, il s'est toujours occupé de moi, jusqu'à l'adolescence où il sortait constamment avec ses copains...
Et dans le lot, notre horrible voisin, un espèce de petit imbécile nommé Kurt Bellamy. Ce qui était sûr, c'est qu'il ne venait pas d'Ecosse, il a toujours eu un drôle d'accent. Entre lui et à moi, ça a toujours été la guerre. Quand il a appris mon sublime prénom, c'est là qu'on commencé les hostilités. Il était toujours en train de me taquiner : «
Bah alors Nessy, tu t'es sauvée de ton lac ? », «
Rentre chez toi petit monstre, tu vas effrayer les touristes », ou encore son petit surnom préféré «
tête de thon », plus court et plus direct. C'était un garçon qui me rappelait un peu ma mère, toujours en train de changer de copines, pas du tout fidèle, tout ce que je déteste. Ce petit manège a duré jusqu'à son déménagement. Je n'ai aucune idée de ce qu'il est devenu...
Un soir, alors que mon père était ivre, il s'est battu avec mon frère. Il l'a ensuite mis dehors et je n'ai plus jamais revu Duncan. Des années plus tard j'ai appris qu'il avait construit sa vie en Angleterre et qu'il était heureux. On se téléphone de temps en temps mais sans plus.
La seule façon de tenir jusqu'à ma majorité a été de me plonger corps et âme dans ma passion : la photographie. Pendant la haute saison, je trouvais toujours un petit boulot pour me payer mon matériel toute seule. Pour mes parents, hors de question de m'aider ou de m'encourager dans mes « bêtises » comme ils disaient.
Dès l'age de 18 ans, j'ai quitté la maison pour Edimbourg. Enfin j'allais voir des gens, voir autre chose que la rue principale de Coldingham, enfin vivre pour de vrai. Peut être que cette nouvelle vie n'était pas pour moi. J'étais un peu trop naïve, j'ai fait les mauvais choix, en particulier en ce qui concerne les hommes. Inconsciemment, je les prenais à l'image de mes parents. Jusqu'à ce que je le rencontre...Kyle. Je maudis encore le jour où nos regards se sont croisés. Trafic de drogue, alcool, violence...voilà trois mots qui résument assez bien notre unique année de relation. Peut-être est-ce la gifle de trop qui m'a ouvert les yeux, je ne sais pas exactement, mais j'ai eu un éclair de génie et je l'ai quitté. Encore une fois, j'ai été trop naïve en pensant qu'il me ficherait la paix. Il me suivait partout, me menaçait, jurait qu'il allait me tuer...jusqu'au jour où il a essayé. En rentrant du cinéma un soir, je l'ai trouvé dans mon appartement. En le voyant, j'ai su tout de suite ce qu'il avait l'intention de faire. Il s'est jeté sur moi, un couteau à main. Il m'a laissé pour morte, avec trois plaies béantes dans le ventre dont je garde aujourd'hui les cicatrices.
D'après les médecins, je l'ai échappé bel ce jour-là. J'ai alors réalisé que jamais il ne laisserait tombé et que quand il apprendrait que je suis toujours en vie, il viendrait terminer le travail. A peine sortie de l’hôpital, j'ai rassemblé mes affaires et, accompagnée de la police, j'ai quitté le pays par le premier avion. Ces deux mois de convalescence m'avaient permis de trouver un petit emploi à mi-temps en tant que photographe...en Australie. C'était parfait, il ne pourrait jamais me retrouver à l'autre bout du pays. J'espérais ainsi tout recommencer et que personne ne découvrirait d'où je viens ni ce qui m'était arrivé.