C’était époustouflant. Oui, il n’y avait pas de meilleurs mots qui convenaient pour décrire le magnifique panorama qu’avait droit la grecque. Il n’était que huit heures de matin. Le soleil s’était déjà levé et entreprenait déjà sa lente ascension pour atteindre le zénith. Assise dans l’herbe, son appareil photo dans les mains, Caliope contempla longuement l’étendue d’eau qui s’étendait à perte de vue devant elle. Les rayons du soleil scintillaient dans l’eau bleue. Un bref sourire s’installa sur son visage empreint de sérénité. Si seulement Lukas avait été là. Il se serait certainement allongé à ses côtés et aurait gardé les yeux rivés sur le ciel, rêvassant comme à son habitude. Ensuite, il se serait mis en tête d’aller se rafraîchir dans le lac, emmenant son amie dans sa folie. Une once de tristesse marqua le faible sourire de la belle. Oui, il l’aurait certainement fait. Ca aurait été marrant. Un bon souvenir qui serait resté gravé dans leur esprit comme tant d’autres. Mais Caliope était seule aujourd’hui. Elle jeta un coup d’œil au ciel bleu avant de reprendre des clichés du paysage. Immortalisé le moment. C’était tout ce dont elle avait envie de faire. Dans un mouvement fluide, elle se releva, ôta ses spartiates et alla tremper ses pieds. Elle n’avait jamais aimé la solitude. Mais la seule personne avec qui elle désirait être ne faisait plus partie de ce monde. Le comble de tout. Alors, tout en jetant un dernier regard au lac, elle prit ses affaires dans une main et quitta le lac, le cœur soudain beaucoup plus lourd qu’auparavant.

« Un cappucino s’il vous plaît. » La belle brune laissa son regard inspecter l’étalage copieusement garni de toutes sucreries en tout genre. Son regard fut dès lors happé par un brownie au chocolat. Bien fourni, bourré de pépite de chocolat, il lui faisait de l’œil le petit malin. Résister à la tentation. Caliope se mordit la lèvre inférieure. Ne pas craquer. « Et ce brownie également. » ajouta-t-elle avec ce sourire qu’ont les enfants lorsqu’ils obtiennent ce qu’ils désirent. Après avoir réglé sa commande, elle emporta le tout à une table placé juste à côté de la fenêtre. Elle pourrait ainsi observer le passage de la population australienne tranquillement, attendant patiemment l’arrivée de son amie, Salomay.

En débarquant, la plus grande peur de Callie était de se retrouver seule. Indépendante et autonome, la question travail ne la préoccupait pas réellement. Elle avait un diplôme de marketing en poche et la volonté de s’en sortir. Il n’en fallait pas moins pour réussir. Non, elle redoutait ces moments où elle devrait rentrer seule chez elle, dans sa chambre d’hôtel, à regarder des comédies américaines à la télévision et qui sait, regretter son départ. Les Australiens la verraient certainement comme cette petite étrangère qui débarque de nulle part. Pourquoi ne restait-elle donc pas chez elle ? Et s’il ne l’intégrait pas ? Pas que Caliope était une personne asociale incapable de lier des liens d’amitié, au contraire. Mais quelle serait leur réaction face à une nouvelle ? Et pourtant, tous ses doutes se volatilisèrent en l’espace de quelques secondes lorsque cette grande brune vint l’accoster. Salomay. La gentillesse incarnée. Elle lui proposa son aide et lui fit découvrir la ville. Bien que le geste pouvait se montrer naturel et tout à fait banal, Callie lui restera toujours reconnaissante d’avoir été la première personne à être venue l’aider alors qu’elle galérait dans cette nouvelle vie. « Je suis contente de te voir ! » Salomay sourit. Sourire que Caliope lui rendit instantanément.

« Alors comment vas-tu ? Tu racontes quoi de beau ? » Callie haussa les épaules. Pas grand-chose à dire vrai. La vie ici était tellement plus simple qu’en Grèce. Là-bas, il fallait se plier aux décisions de Papa et Maman, côtoyer des gens de la « haute » société, avoir de bonne manière, ressentir systématiquement cette pression et attentes sur vos épaules. Aucun moment de répit ne lui était vraiment permis. Et puis la Grèce, c’était le passé. Les souvenirs. L’Australie, c’était différent. Un synonyme de renouveau aux yeux de la nouvelle venue. « Ca va super et toi ? » Elle but une gorgée de son cappuccino avant de reprendre. « Eh bah écoute, c’est mon jour de congé aujourd’hui, je crois que je vais en profiter pour aller faire un petit tour dans le coin. J’ai l’impression de découvrir de nouvelles choses chaque jour, c’est incroyable. Franchement, l’Australie, c’est magique ! J’ai encore été faire des photos ce matin.» Oui, quand Caliope était lancée, on ne pouvait plus l’arrêter. Surtout quand elle parlait de l’Australie et de ces nombreux recoins magnifiques. C’était l’extase totale. Elle poussa un soupir de bien-être. Aujourd’hui, elle ne regrettait pas du tout d’être partie. C’était ce qu’elle devait faire. « Tu dois me prendre pour une hystérique avoue. » ajouta-t-elle, en laissant échapper un petit rire. « Et toi ma belle, quoi de beau ? » Tout en touillant dans son cappuccino, elle attendait avec impatience les dires de son amie.